Vies entrelacées avec celle de Mona pour ce 6ème épisode. Cet été, je donne la parole à celles qui ont osé, un jour, vivre une histoire d’amour insoupçonnée et insoupçonnable. Mona, 21 ans, travaille dans une crêperie à Saint-Malo pour la saison. Un jour, elle croise le regard de Thomas entre une galette complète et une crêpe beurre-sucre.
Cet été-là, j’avais décidé de travailler à Saint-Malo, histoire de financer mes études à Rennes. J’avais trouvé un job saisonnier dans une crêperie du centre historique, une petite échoppe où l’odeur du beurre salé se mêlait à celle des algues ramenées par la marée. Chaque jour, je m’habille en robe légère, noue mes cheveux en un chignon rapide et me prépare pour une journée intense de travail, un sourire accroché aux lèvres.
Cet été allait être bien plus intense que je l’imaginais
J’étais étudiante en littérature, passionnée par les mots, mais cet été, j’avais décidé de me plonger dans une autre forme de poésie. Celle des paysages bretons, des ciels changeants et des marées capricieuses dans la cité corsaire. Et surtout, des rencontres. Je ne le savais pas encore, mais cet été allait être bien plus intense que tous les livres que j’ai lus jusqu’à présent.
C’est un vendredi soir que tout a commencé. La crêperie était bondée, pleine de rires et de conversations animées. Des groupes d’amis, des familles, des couples… et puis lui. Au milieu de cette ambiance festive, il est entré, avec une bande de copains bruyants. Visiblement, ils étaient là pour célébrer un enterrement de vie de garçon. Il riait, détendu, et son regard a croisé le mien. Pendant une seconde, le temps s’est arrêté.
Il s’appelait Thomas, m’a-t-il dit quand je suis allée prendre leur commande. A tour de rôle, ces hommes m’ont énoncé leur prénom afin de faciliter la commande de leurs galettes. Ils ont bien vu le mien sur mon badge. Dans ce brouhaha, j’étais perdue. Lui, je l’avais remarqué. Il avait ce sourire désarmant, un peu joueur. J’avais observé que cet homme remarquait ma poitrine. Je me suis sentie immédiatement attirée par lui, quelque chose d’irrésistible dans sa manière d’être, entre assurance et simplicité. Il m’a taquinée sur mon accent breton, ce qui a suffi à détendre l’atmosphère entre nous.
Je ne sais pas ce qui m’a pris pour attirer son attention
La soirée a continué, et fut animée par les éclats de rires de ses amis, les assiettes de galettes qui s’empilaient sur leur table, et surtout, nos regards qui se cherchaient. À un moment, il s’est levé pour aller dehors, un peu. Je l’ai suivi à l’extérieur, prétextant une pause cigarette. Je ne sais pas ce qu’il m’a pris.
Il était tard et la crêperie était encore bondée. Dehors, la rue était calme, juste éclairée par les lampadaires, et on pouvait entendre le lointain bruit des vagues. Il faisait encore chaud. Thomas était appuyé contre le mur en pierre. Il était en train d’envoyer des sms. Peut-être envoyait-il un message à sa fiancée ? Puis, d’un pas léger, je m’approchais de lui, feignant de chercher mon briquet. «Vous avez du feu ? » lui demandai-je en plongeant mon regard dans le sien.
Il leva les yeux, surpris, puis esquissa un sourire en me tendant son briquet. Nos doigts se frôlèrent. «Merci» murmurai-je en allumant ma cigarette.
« Tu sais que tu es très belle, Mona ? » a-t-il murmuré, en s’approchant un peu plus. Ses doigts ont effleuré les miens, et c’est comme si une étincelle avait jailli entre nous. Nous échangeâmes quelques banalités. Il avait ce regard un peu mélancolique, comme s’il était contrarié par quelque chose. Je ne sais plus comment, mais la conversation devint plus personnelle. Il me parla de ses voyages, et de la Bretagne. Je lui confiai mes rêves d’évasion, mon désir d’ailleurs. Le temps semblait suspendu. Une fois son week-end festif, il prendrait la direction de La Baule pour rendre visite à ses grands-parents. La soirée s’est poursuivie et il est reparti rejoindre ses amis. Mais quelque chose en moi était resté en suspens, comme une promesse non formulée.
Puis, il est revenu à la crêperie, et il m’a attendu
Le lendemain soir, alors que le service touchait à sa fin, je l’avais vu entrer à nouveau, seul cette fois. Il avait commandé une crêpe, mais je sentais que ce n’était pas pour manger qu’il était là. Je servais les dernières tables et je guettais son regard. Chaque fois que nos yeux se croisaient, un frisson me parcourait. Lorsque j’ai eu terminé enfin mon service, il m’attendait dehors. Sans un mot, il m’avait pris la main et m’avait entraînée vers la plage, à quelques pas de là. Le sable froid sous nos pieds contrastait avec la chaleur qui montait en moi. La lune éclairait doucement les remparts, et la mer, calme, chantait en arrière-plan.
Assis côte à côte, nous regardions les vagues venir mourir sur la plage. Il avait glissé une main dans mes cheveux, me rapprochant de lui. Je sentais son souffle chaud dans mon cou, sa main caressant lentement ma nuque. Une vague de désir m’avait envahie, et sans réfléchir, je m’étais tournée vers lui, cherchant ses lèvres. Le baiser qui s’ensuivit était à la fois doux et intense. Rien à n’avoir avec mes anciens flirts.
Cette nuit sur une plage de Saint-Malo, j’ai perdu ma virginité
Sans réfléchir, je me suis laissée aller contre lui. Ses lèvres ont trouvé les miennes avec cette douceur mêlée d’un désir brûlant. Le baiser était long, intense, plein de cette passion que seul un été peut faire naître. J’avais l’impression que tout mon corps répondait à cet appel avec une envie fougueuse de m’abandonner à lui.
Je l’ai regardé, et sans un mot, il a su ce que je voulais. Ses mains se sont aventurées sous ma robe, découvrant ainsi ma peau frissonnante. Nos baisers se sont faits plus fougueux, plus pressants. Allongés sur le sable, nous avons fait l’amour sous les étoiles, enivrés par l’odeur de la mer et la chaleur de nos corps. C’était intense, passionné, comme si nous devions tout vivre en une seule nuit.
Quand le jour s’est levé, nous étions toujours là, blottis l’un contre l’autre, épuisés mais heureux. Il devait repartir. Nous savions que ce n’était qu’un moment volé au temps. Mais c’était parfait ainsi. J’avais eu enfin ma première fois digne d’un bon film hollywoodien. J’étais heureuse.
Une semaine plus tard, il était revenu à Saint-Malo. Cette fois, ce n’était pas pour un enterrement de vie de garçon, mais pour moi. Depuis, nous ne nous sommes plus quittés. Cet été là avait commencé comme un simple travail saisonnier, et il s’était terminé par une histoire d’amour. Je suis devenue professeur de français dans un lycée à Cancale et j’écris des romances sous un pseudo. Thomas se moque de mon imagination.